Un discours historique entre fiction et convention l'héritage ottoman en Bulgarie après 1878

Abstract

La guerre Russo-turque de 1877-1878 donne naissance au troisième Etat Bulgare. L’élite nationale à la tête de la nouvelle Principauté créée après le congrès de Berlin, essaie de rattraper son retard sur les autres pays européens dans de nombreux domaines de la vie socio-politique. Ce retard selon eux, s’est accumulé pendant les cinq siècles d’occupation Ottomane. Ainsi tout l’héritage de cette époque est déclaré démodé, donc inadapté aux conditions d’un pays européen en train de se moderniser. Même le terme “se moderniser” est pris par les Bulgares dans le sens “se désottomaniser”. Malgré ce rejet qui paraît total, on peut distinguer deux différents points de vue. Le premier comprend les déclarations officielles et les convictions sincères de la quasi-majorité de la nation que rien de l’héritage ottoman ne peut servir dans la construction des nouvelles structures et institutions de l’Etat. Le second point de vue, “non officiel”, prédomine parmi certains hommes politiques et fonctionnaires d’Etat qui voient dans les réformes des Tanzîmât, une expérience utile dont les résultats peuvent servir à la modernisation bulgare. Mais ce genre de réflexions n’est pas uniquement “non officiel”, mais aussi muet. Pendant cette période d’euphorie nationale, due à la prise en mains des destinés du pays, une déclaration publique allant dans le sens que certains éléments de l’héritage de l’Empire ottoman peuvent être gardés et utilisés dans la nouvelle Principauté, condamnerait son auteur à un discrédit politique.