Émile Éddé: une autre conception territoriale de la République Libanaise?

Abstract

Émile Éddé a toujours prêté une attention particulière à la définition des frontières de la République libanaise. Depuis sa participation à la Conférence de la Paix en 1918 jusqu’à la fin de sa présidence, il ne s’agit pas, pour lui, de défendre le « Petit Liban », tel qu’il existait à l’époque de la Mutasarrifiyya du Mont-Liban et du Règlement organique de 1864, ni de créer, de toutes pièces, un « Grand Liban », tel qu’il a été délimité par le général Gouraud, le 1er septembre 1920. Jusqu’en 1932, Émile Éddé élabore une conception entièrement nouvelle des frontières et du fonctionnement de la République libanaise. Cet article propose une étude du contexte historique et des enjeux des différents pouvoirs concernés qui l’ont amené à revoir sa pensée et aboutir à la signature du « Traité d’Alliances et d’Amitié franco-libanais » lors de sa Présidence en 1936.

Émile Éddé had consistently paid close attention to the definition of the frontiers of the Lebanese Republic. Ever since his participation to the Peace Conference in 1918, till the end of his presidential mandate, he stated that it was not important to defend the “Petit Liban” as it existed during the Mount-Lebanon Mutasarrifiya and the Règlement Organique of 1864, nor was it to create a “Grand Liban” as delimited by General Gouraud on 1st September 1920. Until 1932, Émile Éddé developed an entirely new conception of the frontiers and the functioning of the Lebanese Republic. This article offers a study of the historical context as well as the different power stakes that lead to his change of thought which, in turn, lead to the signature in 1936 of the « Traité d’Alliances et d’Amitié franco-libanais » during his presidency.